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ACTUS

6 Idées Reçues Sur la Radiologie et l'Imagerie Médicale : Ce Que Vous Devez Savoir

Vous entrez dans un cabinet de radiologie. Vous êtes anxieux. Vous avez entendu tellement de choses :

"Les radiations causent le cancer..." "L'IRM fait mal..." "Je ne peux pas faire d'imagerie parce que j'ai un implant..." "Les femmes enceintes ne peuvent pas faire de scanner..."

Nous voyons chaque jour des patients stressés par des mythes sur la radiologie. Cette anxiété les empêche parfois d'accéder à des diagnostics qui pourraient changer leur vie.

Cet article vous donne les VRAIS faits, sourcés. Aucune approximation. Aucune exagération.



Idée reçue #1 : "Les radiations causent le cancer"

La croyance

"Si je fais un scanner, je vais attraper le cancer à cause des radiations."

La réalité

Les doses utilisées en imagerie diagnostique sont TRÈS faibles.

Voici les données vérifiées auprès de la littérature médicale internationale (RadiologyInfo.org, NIH, ICRP) :

Examen
Dose Effective

Équivalent

Radiographie thoracique
0.065 mSv
≈ 10 jours de rayonnement naturel
Scanner (tête)
1.9 - 2.1 mSv
≈ 7-8 mois de rayonnement naturel
Scanner (thorax)
7.5 mSv
≈ 2-3 ans de rayonnement naturel
IRM
0 mSv
Zéro radiations ionisantes

Exposition naturelle annuelle (background) : 2-3 mSv selon ICRP (rayonnement cosmique, radon naturel)

À partir de quel niveau devient-il dangereux ?

Selon les recommandations ICRP 103 (organisme de référence international), le risque de cancer commence à augmenter seulement à partir d'une exposition cumulative de 50 mGy (fœtus) ou à des niveaux très élevés d'exposition professionnelle (20 mSv/an).

Pour vous donner une perspective :

  • Un scanner thorax = 7.5 mSv
  • Seuil de danger = 50 mGy (fœtus) ou 100+ mSv (adulte)
  • Ratio : vous devriez faire 6-13 scanners thorax pour atteindre un seuil théorique de préoccupation

Aucun patient ayant subi une imagerie diagnostique standard ne recevra ces doses.

Les radiations EN IMAGERIE DIAGNOSTIQUE sont sûres quand elles sont justifiées médicalement.

Les principes appliqués :

  • ALARA (As Low As Reasonably Achievable) : utiliser les doses MINIMALES
  • Ne faire l'imagerie que quand elle a une RAISON MÉDICALE
  • Éviter les examens répétés inutiles

Sources :

  • American College of Radiology, RadiologyInfo.org
  • ICRP Publication 103, Recommendations of the International Commission on Radiological Protection
  • NIH, National Center for Biotechnology Information


Idée reçue #2 : "L'IRM fait mal"

La croyance

"L'IRM, c'est enfermé dans une machine bruyante. Je suis claustrophobe. Ça va me faire mal."

La réalité

L'IRM ne fait PAS mal.

Voici ce qui se passe vraiment :

Pendant l'examen :

  • Vous êtes allongé sur une table confortable
  • Vous glissez dans une machine (cylindrique ou "ouverte" selon le type)
  • La machine fait du bruit (sons répétitifs, mais pas dangereux - juste bruyants)
  • Vous restez immobile pendant 15-30 minutes
  • Le radiologue est dans une autre pièce mais peut VOUS ENTENDRE et communiquer

Ce que vous ressentez :

  • Zéro douleur
  • Possible léger picotement si vous avez un produit de contraste (très rare)
  • Vibration légère
  • Bruit (vous pouvez demander des bouchons d'oreilles)

Après l'examen :

  • Aucun effet secondaire
  • Aucune douleur
  • Vous pouvez reprendre vos activités immédiatement

Pour la Claustrophobie

L'IRM classique peut effectivement être difficile pour certains claustrophobes. Solutions disponibles :

✓ IRM "ouvertes" (moins enfermées)
✓ Sédatif léger si nécessaire (à discuter avec votre médecin)
✓ Quelqu'un peut rester dans la salle
✓ Bouton d'arrêt d'urgence pour arrêter IMMÉDIATEMENT

L'IRM ne fait pas mal. Elle peut être inconfortable pour certains (bruit, sensation d'enfermement) mais jamais douloureuse.



Idée reçue #3 : "Je ne peux pas faire d'IRM parce que j'ai un implant"

La croyance

"J'ai un pacemaker / un implant dentaire / une plaque métallique. Je ne peux jamais faire d'IRM."

La réalité

C'est partiellement vrai, mais TRÈS simplifié.

Implants CONTRE-INDIQUÉS (absolus) :

  • Pacemakers ANCIENS (modèles pré-2010)
  • Stimulateurs cérébraux anciens
  • Certains clips métalliques vasculaires ferromagnétiques

Implants SÛRS avec l'IRM :

  • Implants dentaires en titane (NON magnétique)
  • Plaques orthopédiques modernes (acier inoxydable chirurgical)
  • Vis de fracture
  • Stents coronaires
  • Prothèses articulaires (hanche, genou)

Implants CONDITIONNELS (requiert protocole strict) :

  • Pacemakers modernes "MRI-conditional" (depuis ~2008)
  • Défibrillateurs cardiaques modernes "MRI-conditional"
  • Certains stimulateurs cérébraux récents

Données Actuelles

Selon une étude NEJM 2017 sur 1509 patients avec pacemakers "non-MRI-conditional" :

  • 2103 examens IRM effectués en protocole sécurisé
  • Zéro décès, zéro complications majeures
  • Seulement 0.4% des examens ont montré un reset mineur du dispositif (sans conséquence clinique)

Conclusion : Même les anciens pacemakers PEUVENT avoir une IRM, mais seulement dans des centres expérimentés avec protocol strict.

Ce Qu'on Fait AVANT Votre IRM

  1. Vérifier l'EXACTE modèle de votre implant (demander la carte d'implant)
  2. Consulter la base de données du fabricant
  3. Évaluer si l'IRM est vraiment nécessaire
  4. Si oui, programmer le device en "MRI mode"
  5. Monitoring continu durant l'examen
  6. Vérification complète post-examen

Un implant n'exclut PAS automatiquement l'IRM. Signalez TOUJOURS votre implant AVANT l'examen.

Sources :

  • American College of Cardiology, 2024
  • NEJM, "Safety of Magnetic Resonance Imaging in Patients with Cardiac Devices"
  • Heart Rhythm Society Guidelines


Idée reçue #4 : "Les femmes enceintes ne peuvent pas faire de scanners ou radiographies"

La croyance

"Je suis enceinte. Les radiations vont endommager mon bébé. Je ne peux rien faire."

La réalité

C'est beaucoup plus nuancé.

Doses de radiations au fœtus (estimées) :

  • Radiographie thoracique : < 0.01 mGy (le fœtus n'est pas dans le faisceau)
  • Radiographie abdominale : 1-4 mGy
  • Scanner du bassin : 3-25 mGy
  • Seuil de danger fœtal (selon ICRP) : 50 mGy

En d'autres termes : même un scanner du bassin reste bien en-dessous du seuil de dangerosité.

Recommandations Officielles (ACOG 2017, ICRP, ACR)

Selon les directives de l'American College of Obstetricians and Gynecologists (Committee Opinion No. 723) :

L'échographie et l'IRM ne comportent aucun risque. À de rares exceptions près, l'exposition aux radiations lors d'une radiographie, d'un scanner ou d'une imagerie nucléaire représente une dose bien inférieure à celle qui pourrait causer des dommages au fœtus.

Principes :

  1. L'IRM est sûre à tout stade de la grossesse (zéro radiations ionisantes)
  2. La radiographie est sûre si médicalement indiquée (doses très faibles)
  3. Les scanners doivent être évalués cas par cas (bénéfices vs risques)
  4. Ne JAMAIS refuser une imagerie nécessaire par peur des radiations

Exemple : Suspicion de Pneumonie Enceinte

Scénario courant : Femme enceinte, fièvre, symptômes respiratoires. Radiographie thoracique ?

  • Dose fœtale : ~0.01 mGy
  • Risque : Zéro (bien en-dessous du seuil de 50 mGy)
  • Bénéfice : Diagnostic d'une pneumonie potentiellement grave
  • Décision : Radiographie justifiée

Le risque de NE PAS diagnostiquer surpasse le risque radiologique.

Une femme enceinte ne doit pas refuser une imagerie nécessaire par peur des radiations.

Mais elle ne doit pas faire d'imagerie inutile.

Signalez TOUJOURS votre grossesse AVANT un examen. Cela permet d'adapter le protocole (ex: réduire les séquences IRM, limiter le contraste).

Sources :

  • ACOG Committee Opinion No. 723, 2017
  • ICRP Publication 84, Pregnancy and Medical Radiation
  • American College of Radiology, ACR Manual on MR Safety


Idée reçue #5 : "L'IA va remplacer les radiologues"

La croyance

"Avec l'IA, bientôt les radiologues ne seront plus nécessaires."

La réalité

Non. L'IA n'aura jamais ce pouvoir.

Ce que l'IA PEUT Faire

  • Analyser des millions d'images rapidement
  • Reconnaître des patterns
  • Signaler des zones "suspectes"
  • Faire un pré-tri (image bonne/mauvaise)
  • Accélérer la détection de certaines pathologies

Ce que l'IA NE PEUT PAS Faire

  • Comprendre le contexte clinique du patient
  • Décider quel traitement est approprié
  • Gérer les cas complexes ou ambigus
  • Prendre la responsabilité d'un diagnostic
  • Expliquer les résultats au patient avec empathie
  • Avoir du jugement clinique nuancé

Le Rôle Futur de l'IA

L'IA sera un assistant super-intelligent du radiologue :

  • Traiter PLUS de patients
  • Faire MOINS d'erreurs humaines
  • Avoir PLUS de temps pour les cas complexes
  • Réduire la fatigue mentale

Mais la décision clinique ? C'est l'humain.
Toujours.



Idée reçue #6 : "Tous les examens d'imagerie sont utiles"

La croyance

"Plus d'imagerie = mieux. Faisons une IRM juste pour être sûr."

La réalité

Faux. L'imagerie inutile cause plus de problèmes qu'elle ne résout.

Pourquoi C'est un Problème

  1. Les Faux Positifs
    L'imagerie montre quelque chose d'anormal qui n'a RIEN À VOIR avec votre symptôme.
  2. Le Surtraitement
    On traite quelque chose qui n'avait pas besoin de l'être.
  3. L'Anxiété
    Vous voyez une anomalie sur l'image qui vous stresse pendant des mois.
  4. Les Délais
    Pendant qu'on attend votre IRM "juste pour vérifier", quelqu'un d'autre avec une vraie urgence attend aussi.

Comment Savoir Si l'Imagerie Est Vraiment Nécessaire ?

Bonne question pour vous-même :
"Cette imagerie va-t-elle changer mon traitement ?"

Si la réponse est NON → vous ne la faites probablement pas.

Exemple : Douleur au Genou

Approche

Résultat

Approche 1 : Radiographie d'abord
Radiographie : arthrose. Traitement : physio + anti-inflammatoires. Efficace.
Approche 2 : IRM "juste pour voir"
IRM : petite déchirure méniscale. Mais traitement... toujours physio. Vous avez paniqué inutilement.

Conclusion : L'IRM était inutile. Elle n'a rien changé au traitement, mais elle a créé de l'anxiété.

L'imagerie n'est pas une assurance contre l'anxiété.

Elle doit servir le DIAGNOSTIC et la DÉCISION THÉRAPEUTIQUE.

Sources :

  • American College of Radiology, Appropriateness Criteria
  • ALARA Principle, ICRP


Ce que vous devez retenir

Idée Reçue
Réalité
Radiations = cancer
Les doses diagnostiques sont sûres. Le danger commence à des doses 6-13x plus élevées.
L'IRM fait mal
Non. Elle peut être bruyante/inconfortable, jamais douloureuse.
Implant = impossible IRM
Faux. Les implants modernes peuvent faire une IRM avec protocole strict. Les implants non-ferromagnétiques sont toujours sûrs.
Enceinte = pas d'imagerie
Faux. L'IRM est sûre. La radiographie est sûre si médicalement indiquée. Ne pas refuser imagerie nécessaire.
L'IA remplace le radiologue
Non. L'IA est un assistant. Le jugement clinique reste humain.
Plus d'imagerie = mieux
Faux. L'imagerie inutile cause plus de harm. Seule l'imagerie justifiée est bénéfique.


Questions courantes

Q : Combien d'imageries peut-on faire par an ?

A : Il n'y a pas de limite fixe. Ça dépend de POURQUOI vous les faites.

  • Raison médicale légitime (suivi d'un cancer, surveillance d'un nodule) ? Plusieurs examens par an, c'est OK.
  • Juste pour se rassurer ? Zéro.

Q : Dois-je demander une IRM au lieu d'un scanner pour éviter les radiations ?

A : Seulement si l'IRM donne l'information qu'on cherche.

  • IRM meilleure pour : cerveau, moelle épinière, articulations, ligaments
  • Scanner meilleur pour : poumons, os cortical, imagerie rapide (urgence)
  • Radiographie meilleure pour : première évaluation (moins de radiation)

Chaque imagerie a son utilité. C'est au radiologue de choisir la bonne.

Q : Les produits de contraste sont-ils dangereux ?

A : Les produits modernes sont très sûrs. Les allergies graves sont rares.

Signalez toujours :

  • Allergies antérieures à un contraste
  • Insuffisance rénale
  • Diabète
  • Asthme

Cela permet d'adapter le protocole.

Q : L'imagerie prénatale (échographie) peut-elle endommager le bébé ?

A : Non. L'échographie utilise des ultrasons, pas des radiations. C'est sûr même avec exposition répétée.



Message final :
Le discernement en imagerie

À CID Lausanne, nous croyons au discernement en imagerie.

Ce N'est PAS :

  • Faire PLUS d'imagerie (surdiagnostic = faux positifs, anxiété, surtraitement)
  • Faire MOINS d'imagerie (sous-diagnostic = maladies manquées)

C'est :

  • Faire l'imagerie PERTINENTE
  • Au BON MOMENT
  • Pour la BONNE RAISON
  • Avec les BONNES TECHNIQUES
  • En utilisant ALARA (doses minimales)


Références bibliographiques

Organismes de Référence Internationale :

  • ICRP (International Commission on Radiological Protection) : Publication 103, 84
  • American College of Radiology (ACR) : Manual on MR Safety, Appropriateness Criteria
  • ACOG (American College of Obstetricians and Gynecologists) : Committee Opinion No. 723
  • FDA (Food and Drug Administration) : Radiation Dose Guidance
  • Heart Rhythm Society : MRI Guidelines for Cardiac Devices

Études Clés Citées :

  • Nazarian et al., NEJM 2017 : Safety of MRI in 1509 patients with cardiac devices
  • Zghaib & Nazarian, ACC 2024 : Current State of MRI With Cardiac Devices A
  • COG 2017 : Guidelines for Diagnostic Imaging During Pregnancy and Lactation
  • RadiologyInfo.org : Radiation Safety in Medical Imaging
Cet article est à titre informatif uniquement. Il ne remplace pas un avis médical professionnel. Si vous avez des questions spécifiques sur votre santé, consultez votre médecin ou un radiologue.